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mardi 30 décembre 2014

Retropolis : King Crimson de 1981 à 1984

Après 7 ans de pause durant laquelle Robert Fripp publie plusieurs albums solos dont l'excellent Exposure en 1977 et collabore avec plusieurs artistes comme Brian Eno (l'excellent Evening Star) ou encore David Bowie (sur l'album Heroes). Finalement, King Crimson se reconstitue mais avec de nouveaux musiciens. Seul Robert Fripp (guitare) et Bill Bruford (batterie) sont les membres de la période des seventies qui restent. Les nouveaux venus sont Adrian Belew (guitare et chants), déjà un peu connu pour son travail avec Frank Zappa, David Bowie et les Talking Heads (et qui obtiendra une plus grande renommée avec King Crimson bien sûr, mais aussi avec ses albums solos comme Lone Rhino sorti en 1982, au sein du groupe The Bears et pour ses apparitions sur des albums de Cindy Lauper ou Nine Inch Nails) et Tony Levin, bassiste de renommée internationale connu pour son utilisation du Chapman Stick (sorte de basse-bâton qui se joue en tapant les cordes) et pour son travail avec Peter Gabriel et Dire Straits. Ainsi, ce super-quatuor arrive en 1981 avec un son radicalement différent du premier King Crimson. Les batteries ont un son électronique typiquement années 80, les guitares ont un son immaculé, la basse chaloupée, etc... Les morceaux sont moins complexes et sombres, plus courts et abordables. La qualité en est elle réduite ? Oui et non.

Discipline (1981) : 8,8/10

Malgré une musique moins complexe et un son radicalement différent, le Roi Cramoisi sort quand même un album excellent de bout en bout malgré quelques moments faibles. L'album commence avec un morceau de transition : il y a le son dissonant et à la rythmique cassée du Crimson des années 1970 mais aussi la basse fluide de Tony Levin et le son typiquement années 80 qui tranchent énormément. Frame By Frame est lui, le meilleur morceau de l'album. Basé sur un riff extrêmement rapide joué par Fripp entremélé avec les accords de guitare "déformés" de Belew. Suivent des couplets au tempo plus lent sur fond de choeurs atmosphériques. Après ces 5 minutes de bravoure arrive le moins bon titre de l'album : Matte Kudasai. Une ballade certes planante et mélodieuse, mais qui m'ennuie un peu. Indiscipline, c'est tout le contraire. Le morceau le plus rock de l'album. On est presque dans du heavy metal c'est pour dire. Les guitares distordues crachent des accords dissonants tandis que Adrian Belew scande des paroles dont une phrase devenue culte dans le milieu des amateurs du progressif : "I repeat myself when under stress" (il faut écouter le morceau pour comprendre). Thela Hun Ginjeet est un morceau plus funk et déchaîné évoquant la jungle de la ville. Le titre étant d'ailleurs l'anagramme de Heat In The Jungle. The Sheltering Sky est le morceau le plus long et atmosphérique de l'album culminant à plus de 8 minutes. Il faut se laisser emporter par le titre sinon on risque de le trouver ennuyant. Mais si on rentre dedans, le voyage est immédiat. Discipline clôt l'album magistralement avec un style rappelant le sus-cité Frame By Frame. Cet album est donc très bon, mais le son eighties peut rebuter un peu, et Matte Kudasai abaisse un peu la note.

Beat (1982) : 7,5/10

Beat est souvent considéré comme le pire album de King Crimson. Pour moi, ce n'est pas le cas. Il y a la Two Hands qui est sympathique. Neal And Jack And Me et The Howler déploient une atmosphère oppressante clairement réussie,  l'instrumental hypnotique Sartori In Tangier, le très rock et meilleur morceau de l'album Neurotica, et le final ambient Requiem. Mais les morceaux Waiting Man et Heartbeat sont beaucoup plus vers une pop aux tendances progressives, mais pop quand même. L'album souffre encore du son eighties et rabaisse donc la note. L'album est donc bon, mais pas indispensable et nettement en dessous son prédécesseur.

Three Of A Perfect Pair : 5/10

Si Beat n'est pas le pire album de King Crimson pour moi, c'est parce que c'est celui là. Three Of A Perfect Pair. Encore plus pop et synthétique que les autres. La note de 5 sur 10 est plutôt bien choisie car il y a la première moitié de l'album qui est vraiment mauvaise avec des titres FM comme Sleepless ou Man With An Open Heart, et la deuxième moitié plus prog et réussie avec des morceaux comme Nuages, Industry et l'inattendue partie 3 de Larks' Tongues In Aspic. Malgré des compositions réussies, la deuxième partie de l'album souffre elle aussi d'une production lourde et quelques passages qui traînent en longueur. Cet album est donc le plus faible de King Crimson.

Voilà pour la deuxième période de King Crimson. Je vous retrouverai pour la troisième et dernière partie de cette Retropolis en 2015. Sur ce bonne année, bonne fêtes, et bonnes écoutes.


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